Découvert il y a plusieurs siècles par les populations d’Amérique centrale, le chocolat a depuis, traversé les époques et les océans pour devenir l’un de nos petits plaisirs préférés.
Cultivé à l’origine par les populations olmèques puis aztèques d’Amérique centrale, le cacao est consommé à l’époque en boisson, notamment lors des rites religieux1. Le cacao était également un élément de troc, une sorte de monnaie commune antique aux populations d’Amérique centrale2.
La conquête espagnole de l’Amérique initiée au XVIe siècle par Hernán Cortés révéla le cacao aux yeux du monde entier. Parti en 1519, le conquistador opérant au nom du roi Charles Quint revint en 1528, les cales remplies de fèves de cacao et avec la recette pour en faire une boisson qui sera très vite à la mode chez les nobles du vieux monde3.
Réservé dans un premier temps aux élites espagnoles, le cacao devint un produit qu’il faut absolument commercialisé. À l’époque, sa production reste inhérente à l’Amérique centrale, les Espagnols préférant alors véhiculer un produit fini par bateau. Dans ce contexte, la première fabrique de chocolat est créée en Espagne en 15804.
S’il ne coûte rien à la production, le transport du cacao à travers l’océan atlantique en fait un produit encore rare et donc forcément très cher.
Les différentes alliances et les migrations entre les royaumes du vieux monde vont permettre l’expansion du commerce de cacao. En 1609, près de Bayonne dans le Pays basque français, l’arrivée de juifs espagnols exilés va déboucher sur le développement des premières chocolateries non ibériques5.
En 1615, Anne d’Autriche, fille du roi d’Espagne Phillipe II et arrière-petite-fille de Charles Quint, est mariée à Louis XIII, futur Roi de France. Cette union avant tout politique fit connaitre le goût du cacao chez les aristocrates français.6.
Les différentes guerres permettent également aux autres pays européens de commercialiser le cacao. La flotte hollandaise et les pirates s’attaquent fréquemment aux navires de commerce espagnols, notamment ceux transportant du cacao (Les Pays-Bas ont acquis leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne en 1648).
En 1655 , l’Angleterre envahit la Jamaïque, propriété de l’Espagne depuis 1494. L’île regorge alors de grandes plantations de cacao, introduites par les Espagnols7.
Une vingtaine d’années plus tard, en 1674, le magasin londonien Coffe Mill and Tobasco Roll innove avec ses chocolats « en boudins à l’espagnol », premiers chocolats pouvant être croqués.
L’industrialisation de l’Europe va, comme pour la plupart des commerces de l’époque, révolutionner l’entreprise du chocolat.
La première véritable usine à Chocolat est créée en 1815 par le Hollandais Coenraad Johannes van Houten.
Un an après, c’est au français Antoine-Brutus Menier de de se lancer dans l’aventure. À l’origine, les chocolats Menier sont créés à des fins pharmaceutiques, pour masquer le goût trop amer de certains médicaments ou pour leur propre vertu sur la santé du corps humain.
Les années suivantes sont marquées par un très fort engouement suisse pour l’industrie du cacao. De nombreux inventeurs ou hommes d’affaires helvètes créent leurs propres entreprises dont beaucoup sont devenues aujourd’hui des multinationales. François-Louis Cailler est alors le premier à ouvrir une fabrique moderne de chocolat en Suisse en 1819.
1821 : le premier chocolat noir à croquer est créé par le Britannique Cadburry. Parallèlement, la production est délocalisée en Afrique, largement colonisée par les États européens.
1826 : le Suisse Philippe Suchard créé la célèbre fabrique de chocolat Suchard.
En 1829, le brevet du chocolat en poudre est déposé par Van Houten. Outre la commercialisation du chocolat en poudre, le brevet couvre également le procédé de séparation du cacao maigre et du beurre de cacao. Les chocolatiers sont désormais capables de doser les quantités cacao maigre et de beurre de cacao dans la pâte de cacao. De nombreuses variations de chocolats vont, dès lors, pouvoir être créées
1830, le Suisse Charles-Amédée Kohler invente le chocolat fourré à la noisette.
La traditionnelle tablette de chocolat est développée en deux étapes. Conceptualisée en 1836 par Menier, elle est finalisée par l’Anglais Francis Fry en 1847.
En 1848, Victor-Auguste Poulain crée la marque du même nom.
Nouvelle révolution dans le monde du chocolat, avec l’invention en 1866 par le Suisse Henri Nestlé de la farine lactée. 9 ans plus tard et sur les bases de cette découverte, Daniel Peter, un autre Suisse créé le chocolat au lait à croquer.
En 1879, Rodolphe Lindt, également de nationalité suisse, ouvre sa manufacture à Berne et invente le procédé de conchage apportant toute la fluidité au chocolat. Le premier chocolat fondant est alors créé ainsi que le chocolat de couverture. Le chocolat de couverture est un produit de très haute qualité utilisé principalement par les pâtissiers et chocolatiers8.
La chocolaterie Côte d’Or voit le jour en 1883. Le nom de la marque et l’éléphant sur le logo sont une référence à la Côte d’Or (Ghana actuel), une ancienne colonie belge d’où provenaient les fèves de cacao utilisées9.
Au XXème siècle, l’industrie du chocolat a continué son développement, avec de nouveaux produits et de nouvelles formes de commercialisation.
En 1904, l’entreprise Poulain lance « Poulain grand Arome », son chocolat en poudre vendu dans la désormais très classique boite orange10.
En 1907, la marque Kwatta commercialise les premières barres de 30 g, l’ancêtre des barres chocolatées. L’armée néerlandaise est à l’époque la principale cliente11.
Après de nombreuses transformations, la praline est inventée, sous sa forme actuelle par le Belge Jean Nehaus en 191212.
Banania, symbolisé par son éternel tirailleur sénégalais, voit le jour en 1914.
La première barre enrobée de chocolat Milky Way est créée en 1923 par l’Américain Franck Mars. L’homme est également à l’orcine des marques Mars, Snickers et M & Ms13.
Commercialisé dès 1948 aux États-Unis, le chocolat en poudre NEsquick fait son apparition en France en 196114.
En 1965, la marque italienne Ferrero lance la pâte à tartiner Nutella, l’un des produits les plus populaires auprès des jeunes européens15.
Aujourd’hui, le cacao est côté en bourse. Le commerce du chocolat obéit ainsi à la loi des marchés et des spéculations16 aux dépens bien souvent du respect de la dignité humaine et à mille lieues du droit du travail. Depuis quelques années, un commerce équitable cherche à se développer tant bien que mal, pour un commerce plus rigoureux et plus respectueux de l’homme et de l’environnement17.
En 2013, 1,2 % de la production mondiale de cacao était régi par les lois du commerce équitable18. Pour les producteurs, la hausse constante du nombre de consommateurs, le réchauffement climatique et les règles de commerce non équitable pourraient aboutir à une pénurie de cacao à plus ou moins long terme18.
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